Signe supplémentaire d’un hôpital public qui peine à répondre aux besoins de santé et d’une détérioration de la qualité des soins, une enquête flash organisée par le nouveau collectif Action Patients relève qu’un malade chronique sur deux éprouverait des difficultés régulières d’accès aux soins.
Dans un contexte de pénurie de soignants, la question de l’accès aux soins et aux professionnels de santé devient critique, avec une multiplication des alertes adressés aux pouvoirs publics. Après les urgences, la psychiatrique et, plus récemment, la pédiatrie, elles émanent également désormais des personnes atteintes de pathologies chroniques, pour qui la peine est double. Dans une enquête flash menée en octobre auprès de 1 705 patients et 309 soignants et publiée mardi 15 novembre par Action Patients*, un malade chronique (cancéreux, atteints de mucoviscidose, insuffisance rénale, maladies cardiaques…) sur deux témoigne en effet de difficultés d’accès aux soins sur les 12 derniers mois.
Derrière les difficultés d’accès, de réelles pertes de chances
Parmi les problèmes les plus fréquemment cités par les patients, figurent des difficultés à accéder à des examens diagnostiques (18,6%) et aux consultations de suivi (14,2%), mais aussi des reports de soins, à hauteur de 15%, ou encore des délais anormalement longs pour une première consultation (14%). Pourtant, plus de 80% des patients ayant répondu à l’enquête sont pris en charge par l’hôpital. Or ces difficultés d’accès ont de réelles conséquences sur leur état de santé, en plus d’entraîner une perte de chance. Plus de 62% des 300 patients ayant subi une altération de l’accès aux soins estiment ainsi qu’elle a un impact sur leur santé physique, un chiffre qui monte à 81% pour la santé psychologique. 40% des malades jugent de plus qu’aucune raison n’a été invoquée pour justifier ces difficultés
ou que, lorsqu’elles sont invoquées, elles tiennent en premier lieu au manque de médecins (30,2%) ou d’infirmiers (23,3%). Ils sont 61% à déclarer rencontrer entre 2 et 11 difficultés dans leur parcours de soins, et 44% à indiquer être assez voire très inquiets pour la prise en charge de leur maladie.
Des soignants particulièrement inquiets
Côté soignants, la préoccupation est également forte, face à un phénomène structurel de surtension des effectifs. Près de 60% déclarent avoir dû proposer une prise en charge non-optimale en raison d’un manque de ressources
, pointe Action Patients. La grande majorité (85%) considère que la prise en charge des patients s’est dégradée au cours de l’année écoulée, avec pour conséquence, selon 75% d’entre eux, d’occasionner des pertes de chances. Huit soignants sur dix déclarent que cette situation est due à un manque d’infirmiers ou autres personnels soignants
, 60% l’imputant aussi à un nombre de médecins insuffisant. Enfin, ils sont 80,3% à juger que, si aucune réforme du système de santé n’est engagée, la situation se dégradera au point de mettre en danger la vie des patients. Alors que plus de 80% des soignants considèrent que sans réforme du système de santé, la qualité et la prise en charge des patients se dégradera au point de mettre en danger
leur santé, les pouvoirs publics continuent d’adopter des mesures d’urgence pour tenter de “tenir” d’une crise à l’autre
, déplore ainsi le collectif.
Consulter les résultats de l’enquête
*Collectif créé en septembre 2022 réunissant une trentaine d’associations de malades chroniques, dont certaines membres de France Assos Santé comme l’Association française des hémophiles, Vaincre la mucoviscidose ou Transhépate.
La Rédaction Infirmiers.com
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