Les négociations annuelles obligatoires annuelles (NAO) s’annoncent plutôt décevantes en 2025 : les budgets d’augmentation devraient osciller entre 1,5 % et 2 %, contre 3% à 3,5 % l’an passé, selon l’enquête de rémunération du cabinet de recrutement Pagegroup, publiée le 12 septembre. Le cabinet a passé au crible, 850 métiers dans 25 secteurs d’activité.
“Le marché revient à une forme de normalité”, résume ainsi Laurent Blanchard, directeur général du cabinet.
Ce ralentissement n’est pas seulement lié à la diminution de l’inflation, selon l’expert. “Le marché de l’emploi entre dans une nouvelle phase. Marquées par une incertitude économique et politique plus forte, les entreprises abordent cette rentrée avec prudence”.
Et si l’an passé, les DRH avaient privilégié les augmentations générales, avec la reprise de l’inflation, ce ne sera pas le cas l’an prochain. En 2025, ils feront la part belle “aux augmentations ciblées et principalement motivées par des facteurs propres à chaque secteur”, précise Laurent Blanchard.
Sans surprise, Les profils IT devraient à nouveau se démarquer. Les ingénieurs cybersécurité, qui débutent leur carrière entre 42 000 et 55 000 euros, pourront espérer, après deux à trois et cinq ans d’expérience, une rémunération comprise entre 55 000 et 70 000 euros, et viser 80 000 euros au-delà. Les ingénieurs cloud sont aussi bien lotis, avec des salaires aux mêmes niveaux en début de carrière et de 85 000 après 10 ans d’expérience. Idem pour les data scientists, avec des rémunérations de 42 000/55 000 euros pour les débutants et de 75 000 euros pour les plus expérimentés.
Autres talents en vogue : les experts en comptabilité, aguerris aux process de la digitalisation et à l’intelligence artificielle ainsi que les spécialistes en RSE, familiers de la réglementation CSRD (corporate sustainability reporting directive), effective le 1er janvier 2025. Parmi les postes les plus recherchés, le responsable climat (45 000/ 50 000 en début de carrière ; 70 000 euros avec six à 15 ans d’expérience), et le chef de projet CSRD (45 000/55 000 en début de carrière ; 70 000 euros après cinq à 15 ans d’expérience).
Dans l’industrie, les DRH s’intéressent aux techniciens de maintenance, aux ingénieurs QHS (qualité hygiène et sécurité) et aux techniciens /opérateurs de production.
“Sur ces profils, les négociations se font souvent en tête-à-tête et les meilleurs éléments peuvent s’en sortir très avantageusement”, prédit Laurent Blanchard qui estime que ces personnes peuvent espérer voir leur rémunération grimper bien au-delà des 2 % en 2025.
Surtout, pour ceux qui acceptent de changer d’employeur, les rémunérations peuvent “bondir de 10 à 15 %”.
En outre,”la dynamique reste bonne pour ceux qui travaillent dans les secteurs qui se portent bien comme l’énergie, l’aéronautique, la chimie ou le luxe, où les carnets de commandes restent historiquement hauts”.
Mais-au-delà des NAO, les DRH doivent d’ores et déjà s’atteler à un autre défi : la question de la transparence salariale. “Avec la transposition de la directive relative sur la transparence des salaires prévue pour 2026, la réduction des écarts salariaux sera une priorité. Les entreprises auront un an pour s’adapter”.
Sont-elles prêtes ? Selon un autre sondage réalisé par PageGroup, en juillet, une entreprise sur deux n’a pas connaissance ou une “mauvaise connaissance” de la directive. De plus, six sur 10 déclarent qu’elles devront adapter leur politique de rémunération pour être conforme au texte européen.
Les changements sont loin d’être anodins, détaille Laurent Blanchard. D’une part, “cette évolution législative s’applique aux collaborateurs en poste qui pourront demander à leur employeur des informations sur les niveaux de rémunération, ventilées par sexe, ainsi que des informations sur les critères utilisés pour déterminer la progression de la rémunération et de la carrière, qui doivent être objectifs et non sexistes”. D’autre part, “aux candidats à un emploi qui auront accès dans l’annonce ou avant leur premier recrutement à la fourchette du poste à pouvoir”.
L’enquête conduite par PageGroup montre, d’ailleurs, que 40 % des candidats ne postuleraient pas aujourd’hui à une offre d’emploi qui ferait l’impasse sur le salaire.
Les prévisions des autres cabinets |
---|
Si le cabinet de rémunération Willis Towers Watson France (WTW) tablait, en juillet, sur des budgets d’augmentation salariale de 3,6 % en médiane, LHH et Deloitte prédisent, de leur côté, des enveloppes de 3 % environ. |
Cet article provient du site Editions Législatives - ActuEL RH