Publié chaque année, le “Panorama des retraités et des retraites” (en pièce jointe) constitue une étude majeure, un repère statistique qui permet de suivre l’évolution du nombre de retraités en France, du montant des pensions, de l’âge moyen de départ. Le document est donc au moins autant scruté que le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites, qui adopte quant à lui une vision macro-économique, notamment en étudiant avec précision la part du financement des retraites dans le Produit intérieur brut.
Cette nouvelle étude 2024 fournit de nouveaux chiffres sur l’année 2022. La Drees constate une hausse des allocataires d’une pension de droit direct et de l’âge moyen de départ, ainsi qu’une persistance des inégalités de pension entre les hommes et les femmes.
La situation des femmes s’améliore… par tranche de dix ans. En 2004, l’écart de pensions entre femmes et homme s’élevait au chiffre déplorable de 50 %. Il s’est ensuite réduit à 40 % en 2020 et atteint 38 % en 2022. En montant brut, en 2022, la pension des femmes (majoration pour trois enfants et plus comprise) s’est élevée à 1 268 euros contre 2 050 euros pour les hommes.
Les pensions reflètent donc les inégalités salariales issues de la période d’activité des femmes. Rappelons qu’elles sont également plus nombreuses à travailler à temps partiel (un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales est attendu très prochainement sur ce sujet).
Selon la Drees, les femmes sont aussi de plus en plus nombreuses à percevoir une pension de droit direct, et non une pension de réversion versée en cas de décès du conjoint. Les femmes sont d’ailleurs plus nombreuses à percevoir un pension de réversion en plus de leur pension de droit direct, à hauteur de 32 % contre 6 % des hommes. Mais selon la Drees, même en cas de cumul des pensions, la retraite mensuelle moyenne des femmes (1 539 euros) demeure nettement inférieure à celle des hommes (2 077 euros).
Une raison simple à ces phénomène : les femmes participent davantage au marché du travail, comparé aux anciennes générations dont la tradition voulait que la femme reste au foyer et ne travaille pas. Au fil des générations nées entre 1930 et 1953, de plus en plus de femmes ont en effet bénéficié d’une carrière complète. L’accès des femmes au travail relève en effet de l’évidence mais a besoin de temps pour produire des effets. Selon la Drees, en 2004, les femmes représentent 50,8 % des retraités de droit direct. En 2022, le chiffre se porte à 53,1 %.
Les femmes travaillent également plus longtemps que les hommes. Selon le nouveau Panorama de la Drees, en 2022, elles liquident leurs droits à la retraite en moyenne huit mois de plus que les hommes, soit jusqu’à 63 ans au lieu de 62 ans et 4 mois. Certes, encore une fois, ces écarts se réduisent au fil des générations : “Les femmes et les hommes nés dans la première moitié des années 1930 sont partis à la retraite avec 1 an et 9 mois d’écart, celles et ceux nés dans les années 1940 avec 1 an et 3 mois de décalage, et celles et ceux nés en 1955 avec 10 mois”, analyse la Drees.
Les femmes sont aussi plus nombreuses (8 à 10 %) que les hommes (6 %) à attendre l’âge d’annulation de la décote pour partir en retraite. Selon Anthony Marino, directeur du bureau Retraites de la Drees”cela objective le fait que les femmes subissent davantage des carrières incomplètes que les hommes”.
Le Panorama 2024 mesur, e également les effets des réformes des retraites. En 2022, 789 000 personnes liquident pour la première fois un droit direct de retraite soit 6,3 % de plus qu’en 2021. Les évolutions des effectifs de retraités depuis 2010 tiennent principalement aux effets de la réforme des retraites de 2010 et 2014 qui ont augmenté l’âge légal de départ de 60 à 62 ans, relevé l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans et allongé la durée d’assurance requise.
Pour l’instant, la Drees ne dispose pas du recul statistique lui permettant de mesurer les effets de la réforme Macron de 2023 qui ne seront connus que vers la fin de l’année 2025. Elle a en revanche fourni au Conseil d’orientation des retraites un certain nombre de données relatives aux effets redistributifs de la réforme, que l’on retrouve dans l’annexe 6 (page 357) du rapport du COR 2023. Anthony Marino, a cependant précisé lors d’un rendez-vous organisé par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis) le 29 octobre, que “l’impact du point de vue de l’assuré se traduit par un recul de l’âge de départ accompagné d’une hausse du montant des pensions. Les gens décalent leur départ en retraite en contrepartie d’une meilleure pension, ce qui se retrouve sur le niveau de vie”.
Hors réforme de 2023, la Drees constate que l’âge de départ a augmenté de deux ans et deux mois depuis 2010, “principalement à la suite du relèvement progressif de l’âge légal d’ouverture des droits et de l’âge d’annulation de la décote issus de la réforme de la même année”. Par ailleurs, “Près d’un quart de cette hausse (six mois) s’explique ainsi par la diminution des départs à la retraite avant 60 ans, pour l’essentiel dans les régimes spéciaux et de la fonction publique. Par ailleurs, la modification des règles du cumul emploi-retraite, consécutive à la réforme des retraites de 2014, a incité certaines personnes à un prolongement de leur carrière dans le cadre de la surcote plutôt que via ce dispositif”.
Des retraites inférieures aux salaires mais un meilleur patrimoine
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Selon la Drees, le montant moyen de la pension diminue de 0,4 % en euros constants en 2022 par rapport à 2021. En revanche, “les pensions des personnes déjà retraitées fin 2021 augmentent de 5,1 % en euros courants en un an, compte tenu de la revalorisation exceptionnelle de juillet 2022”. Comparés aux actifs, les pensions est inférieure au revenu d’activité net. Pour autant, note la Drees, “en tenant compte de l’ensemble des ressources et de la composition des ménages, le niveau de vie médian des retraités demeure légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population en 2021. En effet, les retraités ont plus rarement des enfants à charge et ils disposent davantage d’autres types de revenus que le reste de la population, notamment des revenus issus du patrimoine”. |
Cet article provient du site Editions Législatives - ActuEL RH