Dix mois après son lancement, « Mon espace santé » se dote d’un bilan positif pour ses deux premières fonctionnalités, la messagerie et le dépôt de documents sécurisés, que vient désormais compléter un catalogue d’applications en santé, amené à s’étoffer dans les mois à venir.
Dix mois après son lancement, en février dernier, “Mon espace santé” s’enrichit d’une troisième brique : un catalogue d’applications en santé, vérifiées et référencées, pour impliquer un peu plus largement les usagers dans la gestion de leur santé. L’heure est également au bilan des deux premières briques, la messagerie sécurisée et le coffre-fort, qui sert à déposer les documents médicaux, mis à disposition de l’ensemble des assurés de l’Assurance maladie. Un point d’étape important, donc, pour un dispositif qui doit répondre à des enjeux majeurs non seulement en termes de suivi de la santé, mais aussi de prévention, a rappelé François Braun, le ministre de la Santé, lors d’un point presse début novembre.
Dix mois après, 10% de la population a activé de lui-même son compte
Le bilan d’abord : depuis le lancement du service, 65,4 millions d’assurés disposent aujourd’hui d’un compte « Mon espace santé », sur les 69 millions qui ont été informés de son ouverture. Soit 98% des Français, qui peuvent recevoir des documents via cet espace
, s’est félicité Thomas Fatôme, le directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM). Autre sujet de satisfaction : 7,2 millions d’assurés l’ont activé d’eux-mêmes depuis février 2022, soit l’équivalent de 10% de la population. Et chaque mois, ce sont 600 000 activations qui sont comptabilisés, a-t-il poursuivit. 42% des usagers ont ajouté au moins une information (taille, poids, tension…) et s’en saisissent également pour déposer certains documents (certificats, résultats de biologie, directives anticipées…), et 25 millions de documents leur ont été envoyés via ce service. Enfin 30% des visiteurs reviennent d’un mois sur l’autre sur leur espace. “Mon espace santé est en train de s’installer dans la vie des usagers
, s’est-il réjoui, notant par ailleurs que l’application destinée aux mobiles avaient été téléchargée 540 000 fois depuis sa mise en ligne en mai dernier. Son usage va évidemment s’approfondir, on compte sur une dynamique plus importante lorsque va se faire la convergence entre l’application et l’accès via un ordinateur.
Quant à la messagerie sécurisée, elle a vocation à remplacer les dispositifs de communication non sécurisés mis en place depuis une dizaine d’années par les professionnels de santé pour échanger entre eux, a rappelé Hela Ghariani, co-responsable ministérielle du Numérique en santé. Une nécessité absolue dans un contexte où les hôpitaux deviennent une cible privilégiée des hackers. En cybersécurité, les messageries non sécurisées sont l’une des premières failles
, a-t-elle souligné. La messagerie se révèle également un outil utile dans le contact avec les patients, notamment dans le cadre des longs parcours de soins pour avoir des échanges tout au long du suivi. Elle permet d’échanger aussi en aval d’un séjour à l’hôpital, pour envoyer les documents importants
.
Des appli référencées pour mieux s’y retrouver
Viennent ensuite les nouveautés. A savoir en premier lieu, le lancement du catalogue d’applications en santé, troisième brique de “Mon espace santé”. Actuellement, ce dernier en comporte 12, dont Libheros.fr et Santé.fr (voir notre encadré), qui ne peuvent toutefois pas encore échanger de données avec “Mon espace santé”
, a nuancé Thomas Fatôme. C’est un sujet sur lequel nous travaillons actuellement.
Face au bouillonnement des applications en santé, avec des applications qui apparaissent presque tous les jours
, ce catalogue a pour objectif d’aider les citoyens à se repérer, grâce à un travail de référencement s’appuyant sur des critères éthiques, de sécurité et de respect du règlement général sur la protection des données (RGPD)
. En tout, ce sont près de 150 critères juridiques, techniques, éthiques…, que les éditeurs doivent remplir afin que leurs applications soient références dans “Mon espace santé”, a-t-il détaillé. Plus de 250 seraient ainsi en cours d’amélioration, dont il espère qu’elles seront référencées dans les prochains mois. Il s’agit de créer une dynamique plus forte pour qu’elles soient mieux connues.
Le numérique en santé constitue une formidable opportunité pour mieux soigner et faire avancer la prévention.
Même chose du côté de l’interopérabilité des logiciels en établissements et en médecine de ville. Le programme Ségur numérique, en cours de travail, représente un investissement historique pour organiser le partage fluide des données entre professionnels et avec les usagers
», a ainsi soulevé Raphaël Beaufret, le second co-responsable ministériel du Numérique en santé. C’est, en tout, un budget de 2 milliards d’euros, dont 1,4 milliard pour le secteur sanitaire et 600 millions pour le médico-social, qui a été mobilisé pour mettre à jour ces logiciels, renforcer leur sécurité et assurer leur interopérabilité. 126 solutions sont déjà référencées, soit plus de 80% du marché en établissement comme en ville. Existent en parallèle des financements destinés aux acteurs afin de les inciter à utiliser ces logiciels
, comme l’avenant 9 pour les professionnels libéraux, par exemple, a-t-il ajouté.
Les 12 applications déjà disponibles • AppFine, un portail qui facilite les échanges d’informations administratives et médicales entre patients et établissements et médecine de ville. • Le Compte Ameli, pour suivre les remboursements de l’Assurance maladie et effectuer ses démarches en ligne. • Freestyle Librelink, une application qui permet aux personnes atteintes de diabète de surveiller leur glycémie en scannant leur capteur avec leur téléphone. • ID-U Santé, qui constitue un dossier médical d’urgence personnel et qui est directement accessible par les services d’urgence lors d’une intervention. • Libheros, pour organiser l’ensemble des soins et services à domicile. • Mapatho, à destination des personnes atteintes de pathologies chroniques qui y trouvent des professionnels de santé spécialistes et des actualités liées à leur maladie. • Mémo Santé Enfant, pour suivre les événements de santé relatifs aux enfants. • Mes médicaments chez moi, pour organiser la commande et réception des médicaments chez soi ou en pharmacie. • My GHT Limousin, une application du GHT du Limousin qui permet de réaliser les démarches de préadmission ou de bénéficier d’un suivi médical numérique tout au long de la prise en charge. • Santé.fr, la plateforme d’information du ministère de la Santé, qui facilite également l’identification des professionnels de santé et établissements. • VIDAL Ma Santé, pour s’informer sur les différents traitements pris, voire organiser leur prise au quotidien. • Withings Health Mate, qui permet de réunir l’ensemble des données de santé ainsi que des dispositifs connectés pour avoir une vision globale de sa santé et l’améliorer en fonction de ses objectifs (surveillance du poids, de l’hypertension, détection des maladies chroniques…). |
Un outil destiné à favoriser la prévention
“Mon espace santé” est amené à évoluer en continu, a promis Thomas Fatôme. C’est un outil majeur de sensibilisation, d’information et de prévention
, a-t-il listé, avec l’adjonction future d’un calendrier vaccinal, par exemple, qui indiquera les rappels vaccinaux à faire. Sont également prévues des améliorations en termes d’ergonomie et d’accès, avec l’accès par lecture d’empreinte digitale sur mobile ou encore, pour le carnet de santé des enfants, l’adaptation des recommandations en fonction de leur âge. Il sera également possible de dématérialiser les comptes-rendus des 20 examens obligatoires de l’enfant afin de les intégrer dans “Mon espace santé”
. Enfin, l’intégration de la quatrième brique, soit l’agenda médical, s’opèrera en 2023, a-t-il poursuivi. Et de rappeler que l’espace a été conçu pour demeurer à la main
des usagers, même s’il a vocation à être continuellement alimenté par les professionnels de santé. Nous en avons fait un service public, nous y avons tous droit. Mais il est compréhensible que certains ne souhaitent pas l’utiliser
, a relevé Hela Ghariani. Il demeure possible de l’activer à tout moment, tout au long de sa vie. Nous sommes à un moment charnière, comparable à l’avènement de la vaccination, de l’apparition des antibiotiques ou de la radiothérapie. Le numérique en santé constitue une formidable opportunité pour mieux soigner et faire avancer la prévention
, a conclu François Braun.
Audrey ParvaisJournaliste audrey.parvais@gpsante.fr
Cet article provient du site Infirmiers.com