Après un pic en 2021 (17,8 %), en 2022 les négociations d’entreprise retrouvent leur niveau de 2020. Selon les chiffres de la Dares publiés mercredi, ce sont ainsi 16,6 % des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole qui ont mené au moins une négociation collective il y a deux ans. Les entreprises concernées emploient 62,2 % des salariés du champ et le lien entre conflits et négociations demeure notable puisque 64,9 % de celles ayant connu au moins un conflit du travail ont engagé des négociations, contre seulement 15,1 % des autres. Mais ce qui marque en 2022 c’est surtout une hausse du taux d’aboutissement de ces négociations et des évolutions quant à leurs thèmes et quant à la propension à négocier selon la nature des instances représentatives du personnel présentes.
En 2022, ce sont 84,7 % des entreprises ayant négocié qui ont conclu au moins un accord ou un avenant, une augmentation de 2,1 points sur un an et de 3,5 points sur deux ans. La raison selon la Dares ? L’année ayant été marquée par une nette hausse de l’inflation et des conflits collectifs, “la capacité des entreprises ayant engagé des négociations à aboutir à un accord est élevée”. Ce taux d’aboutissement croît avec la taille de l’entreprise : 78,1 % pour celles employant entre 10 et 49 salariés, 94,6 % pour celles de 500 salariés ou plus. De même, les entreprises pourvues de délégués syndicaux aboutissent davantage que la moyenne dans leur négociation (92,1 %, +6,5 points sur deux ans). A l’inverse, celles dépourvues d’instances représentatives du personnel ont non seulement un taux de négociation très faible (moins de 2 %) mais aussi un taux de conclusion plus modeste et de surcroit en baisse (59,3 %, après 66,8 % en 2021 et 68,9 % en 2020).
La propension à engager des négociations demeure toujours bien plus élevée dans les entreprises pourvues de délégués syndicaux (82,7 %). Alors qu’elle avait connu un recul de près de six points entre 2020 et 2021, elle progresse de un point entre 2021 et 2022. La tendance est inverse en présence uniquement d’élus du personnel (sans délégués syndicaux donc). Là où 2021 avait vu le taux de négociation croitre de 2,3 points, il diminue de 1,3 point en 2022 pour atteindre 23,9 %. Enfin, comme l’année précédente, pas moins de 92,7 % des entreprises ayant négocié en 2022 (96,8 % % des salariés) sont pourvues d’un comité social et économique (CSE).
En 2022, les salaires et primes sont toujours le thème le plus abordé (10,5 % des entreprise) et les négociations à ce propos aboutissent davantage à un accord que l’année précédente (72,9 % contre 68,4 %). Le thème des salaires est aussi le plus central dans les accords de groupe (45,1 %) et y progresse nettement (+18,8 points). Mais si 2021 avait vu les conditions de travail remonter en seconde place des sujets traités (6,5 %), l’année suivante c’est celui de la représentation du personnel, du droit syndical et de la négociation qui connaît la plus forte hausse (3,2 %, soit +1,3 point sur un an). “Quatre ans après la mise en place des premiers CSE, ce thème est porté par les négociations sur le renouvellement de ces instances” explique la Dares. L’épargne salariale (5,8 % des entreprises), le temps de travail (5,1 %) ou encore les conditions de travail (4,8 %) figurent cependant devant lui parmi les autres thèmes de négociation collective les plus fréquents.
Cet article provient du site Editions Législatives - ActuEL RH