L’état de santé des Français profondément marqué par les inégalités


Dans une récente enquête sur l’état de santé des Français, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques relève de fortes disparités en fonction des niveaux de revenus, que ce soit pour les pathologies chroniques, la mortalité infantile ou l’accès aux soins.

La santé est un concept complexe dont la mesure dépend de nombreux facteurs individuels et collectifs, rappelle la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) dans la synthèse de son étude. Elle y mesure ainsi l’évolution du vieillissement de la population, de la mortalité infantile et adulte, des pathologies chroniques ou encore des habitudes alimentaires, relevant des inégalités aux dépens des personnes à moindre revenu.

Vieillissement de la population et maladies chroniques en augmentation

Sans surprise, la DREES constate un vieillissement croissant de la population, notant que la part de personnes âgées de 65 ans ou plus a augmenté de près d’un quart en l’espace de 10 ans, passant de 17 % en 2012 à 21 % en 2022. Une tendance qui n’ira qu’en augmentant, avec 16% de personnes qui auront 75 ans ou plus en 2052, contre 9% aujourd’hui. Si les espérances de vie à la naissance et à plus de 65 ans continuent de croître, elles le font plus lentement, cancers et maladies cardio-neurovasculaires demeurant les causes premières de décès chez les 65 ans et plus. La fréquence des pathologies chroniques multiples augmente avec l’âge mais la polypathologie n’est pas limitée aux personnes âgées, prévient-elle. 3% de la population cumule ainsi 3 pathologies ou traitement chronique dès la tranche d’âge de 45 à 64 ans ; un chiffre qui monte à 8% pour les 65-74 ans. Avec un grand âge amené à progresser, une future pression est à craindre sur l’offre de soins. 30% des habitants de France métropolitaine de 15 ans ou plus déclarent ressentir des douleurs physiques, dont 9% qui affirment souffrir d’un problème de santé handicapant, relève-t-elle par ailleurs. Et côté santé mentale, une personne sur dix parmi le plus de 15 ans présentait des symptômes évocateurs de troubles dépressifs en 2019. À noter que la crise de Covid-19 a un impact psychologique important sur la population, en particulier chez les jeunes, avec une très nette augmentation des hospitalisations chez les filles et jeunes femmes en 2021.

Un état de santé général marqué par de fortes inégalités qui s’inscrivent dans la durée

L’enquête de la DREES démontre surtout qu’aux inégalités de revenus correspondent des fragilités, des prévalences de maladies et des difficultés d’accès aux soins plus ou moins grandes. Les maladies chroniques surviennent plus fréquemment chez les personnes aux faibles revenus et conduisent à renforcer les inégalités d’espérance de vie observées entre les plus modestes et les plus aisés, observe-t-elle ainsi. Même chose en ce qui concerne l’obésité (14% de la population en France), la part des personnes qui en souffrent diminuant à mesure que le niveau de vie ou de diplôme augmente. Le constat s’applique également pour le dépistage du cancer avec, par exemple, 39 % des femmes [de 50-74 ans] parmi le cinquième des personnes les plus modestes  n’ayant pas bénéficié d’une mammographie dans les deux dernières années, contre 24% chez celles faisant partie des plus aisés. Ces inégalités affectent enfin les mortalité maternelle et périnatale, prévient-elle, avec un risque de mortalité maternelle multiplié par 4 dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM) par rapport à la France métropolitaine.

L’accès aux soins demeure inégal d’un territoire à l’autre et, dans un contexte de baisse attendue de la démographie médicale, les inégalités d’accessibilité aux professionnels de santé s’accentuent, s’inquiète-t-elle enfin. Les plus modestes, et donc plus vulnérables, étant plus pénalisés. Autant de facteurs donc que devront prendre en compte les pouvoirs publics dans la définition et la construction des politiques publiques de santé à venir.

La Rédaction d’Infirmiers.com

Cet article provient du site Infirmiers.com