L’emploi des seniors progresse mais la France reste à la traîne


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L’étude tombe à pic pour Michel Barnier et son futur ministre du Travail. Syndicats et partis d’opposition mettant la pression pour revoir la dernière réforme des retraites, l’exécutif pourra utiliser les derniers chiffres de la Dares pour défendre le report de l’âge légal. Le taux d’emploi des seniors s’améliore en effet en 2023 : 58,4 % des 55-64 ans ont un emploi, contre 56,9 % en 2022. En revanche, la France confirme sa mauvaise position parmi ses voisins européens où la moyenne atteint 63,9 %. L’étude de la Dares, en s’appuyant également sur les travaux de Michaël Zemmour relatifs aux effets de la dernière réforme des retraites, revient également sur un autre écueil français : le taux d’emploi des femmes seniors.

L’embellie progressive de l’emploi des seniors

La Dares dresse un constat indéniable : la situation de l’emploi des seniors s’améliore au fil des années. Rien qu’entre 2022 et 2023, leur taux d’emploi a progressé de 1,5 point. Les seniors actifs restent évidemment moins nombreux que la moyenne des actifs : à hauteur de 58,4 % contre 82,6 %. Presque trente points d’écart donc. Malgré tout, selon la Dares, “les taux d’emploi et taux d’activité des seniors sont au plus haut depuis 1975. L’emploi des seniors augmente quasi continûment depuis 2000”.

© Dares

La France progresse donc, surtout si l’on prend un horizon de long terme. Le taux d’emploi diminue cependant avec l’âge : en 2023, 82,6 % des 25-49 ans sont en emploi. Le taux baisse à 77 % chez les 55-59 ans et chute à 38,9 ans pour les 60-64 ans. La Dares pointe une situation inversée par rapport à 2022 : alors que l’année précédente, l’emploi augmentait plus chez les 55-59 ans que pour les 60-64 ans, ces constats se sont retournés en 2023.

Les effets de la dernière réforme des retraites

Ainsi, l’emploi des 60-64 ans augmente davantage en 2023 qu’en 2022 (de 2,7 points). La direction statistique explique ce phénomène par les réformes des retraites allongeant les durées de cotisation et reculant l’âge d’ouverture des droits. Elle renvoie notamment aux travaux de l’économiste spécialiste de la protection sociale Michaël Zemmour. Selon ce dernier, “le taux d’emploi [des personnes ni en emploi ni en retraite, les “NER”] avant et après 60 ans a bien augmenté sensiblement du fait de la réforme, mais essentiellement du fait du maintien en emploi des personnes qui prennent leur retraite depuis l’activité. En revanche, on n’observe qu’une faible baisse du taux de NER avant 60 ans et une forte hausse de celui-ci au-delà de 60 ans, ce qui signifie que la période “sans emploi ni retraite” s’allonge bien plus qu’elle ne se décale du fait de la réforme”.

Depuis la réforme de 2023, la génération née à partir du 1er septembre 1961 peut prétendre à la retraite à 62 ans et 3 mois au lieu de 62 pour la génération précédente. La loi Touraine de 2014 a aussi augmenté la durée nécessaire pour partir en retraite sans décote.

Cet effet des réformes des retraites est cependant bien antérieur pour la Dares : “Le taux d’emploi des seniors diminue de 1975 aux années 1990, et particulièrement à partir de 1983 grâce à la possibilité de partir à la retraite avec un taux plein dès 60 ans en ayant cotisé 37,5 années”.

Le cumul emploi-retraite atteint un pic à 66 ans

Comme son nom l’indique, ce dispositif permet de percevoir à la fois un revenu tiré d’un emploi salarié et une pension de retraite. La Dares constate que cet état se concentre à hauteur de 6,3 % des seniors âgés de 66 ans. A 55 ans, elle ne touche que 1 % des seniors.

Autre enseignement de l’étude : une polarisation du cumul emploi-retraite : “Jusqu’à 55 ans environ, la majorité des personnes qui touchent déjà une pension de retraite ou de préretraite occupent aussi un emploi (51,1 % à 56 ans), mais une minorité de celles qui sont en emploi perçoivent une pension ; à l’inverse, à partir de 65 ans environ, une minorité des personnes bénéficiant d’une pension de retraite sont en emploi, mais la majorité des personnes en emploi jouissent également d’une pension de retraite : ces dernières sont ainsi près de 50 % à être retraitées à 66 ans, et plus de 80 % à 69 ans”.

Les femmes plus souvent sans emploi sans être retraitées

Le taux d’emploi des femmes de 55 à 64 ans (57,2 %) est plus bas que celui des hommes (59,7 %). Il en va de même de leur taux d’activité (60,4 % contre 63,1 %). Si les femmes sont un peu moins au chômage que les hommes (5,2 % au lieu de 5,5 %), elles sont plus souvent inactives sans être pour autant retraitées. Elles subissent davantage de temps partiel que les hommes (31,7 % contre 11,1 %) et plus souvent en sous-emploi (6,2 % contre 2,6 %).

La France au 17e rang de l’Union européenne

“En 2023, le taux d’emploi des seniors en France [58,4 %] se situe 5,5 points sous la moyenne de l’UE [63,9 %]”, indique la Dares. A titre d’exemple, les seniors suédois sont en emploi à 78 %, les Allemands à 74,6 %, les Portugais à 67,1 %, les Espagnols à 59,5 %. Derrière la France se trouvent la Belgique (57,8 %) et l’Italie (57,3 %).

L’écart entre la France et l’UE reste cependant stable, les deux taux ayant augmenté en moyenne de 1,5 point en 2023. Le taux d’emploi des Français de 60 à 64 ans apparaît cependant en décrochage, inférieur de 12 points à la moyenne européenne.

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Marie-Aude Grimont
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Selon la dernière étude de la Dares, la direction statistique du ministère du Travail, le taux d’emploi des seniors s’est amélioré en 2023. Depuis 2014, la part des seniors en emploi a grimpé de 10,4 points, notamment sous l’effet de la réforme des retraites. La situation reste cependant préoccupante pour les 60-64 ans et la France reste mauvaise élève au niveau européen.
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Cet article provient du site Editions Législatives - ActuEL RH