Le Comité d’éthique appelle à recentrer le système de soin sur les usagers et les professionnels


Pour transformer le système de santé, le Comité consultatif national d’éthique appelle à assurer l’accès aux soins pour tous et au respect des professionnels et des usagers, en valorisant la relation entre soignants et soignés, notamment.

Face à une crise sans précédent du système de santé, qui frappe notamment l’hôpital public, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a transmis la semaine précédente un avis au ministre de la Santé, François Braun, afin de le repenser et de réintroduire plus d’éthique dans son fonctionnement. Il définit trois axes indispensables à [cette] rénovation, dont la nécessité de recentrer le soin sur les patients.

Des problématiques aux “racines anciennes”

Si la pandémie de Covid-19 a joué un rôle de révélateur des dysfonctionnements du système de santé, leurs racines sont toutefois anciennes et ont été maintes fois dénoncées par l’ensemble des professionnels travaillant dans le champ de la santé et par les usagers du système de soins, observe le CCNE. Défaillance des moyens alloués et de l’organisation (dégradation des conditions de travail, poids des contraintes budgétaires…), technicisation croissante du soin au détriment d’un accompagnement humain des patients, transformations sociétales (vieillissement de la population, révolution technologique) se combinent à l’accroissement des déserts médicaux et à de fortes inégalités territoriales. Une conjonction délétère qui expose certaines personnes exerçant dans le champ de la santé à un épuisement caractérisé et à une détérioration de la relation avec les personnes malades. Dans ce contexte, les professionnels de santé vivent de plus en plus un décalage entre leurs pratiques perçues comme déshumanisées et les valeurs éthiques du soin.

Plus d’éthique et de justice sociale

Pour y remédier, le CCNE incite à suivre deux principes éthiques majeurs : sécuriser l’accès au soin pour tous, dans une logique de justice sociale, et assurer le respect inconditionnel des personnes soignées et de ceux qui les soignent. Il définit ainsi trois axes, à savoir redonner du sens aux métiers du soin, en redonnant notamment du temps à la relation humaine, à considérer comme un outil d’accomplissement et de résolution des situations et à valoriser à ce titre ; assurer à tous les conditions d’une vie en bonne santé, la prévention des maladies et des soins de bonne qualité ; et défendre une meilleure démocratie en santé en demeurant à l’écoute tant des professionnels que des usagers. Les rapporteurs soulignent ainsi que l’éthique n’est ni optionnelle, ni facultative dans les politiques de santé, et appellent à transformer le système de santé afin qu’il place la personne au cœur de ses préoccupations.

Une des pistes envisagées est d’ouvrir le questionnement éthique à l’ensemble des professionnels de santé de l’hôpital, pour nourrir une réflexion autour des pratiques professionnelles. L’écoute doit également passer par le renforcement des dynamiques participatives au sein des établissements, condition pour repenser l’organisation des soins et redonner ainsi du sens aux métiers. Afin de préserver l’hôpital public, le CCNE appelle de plus à une modification de l’organisation des soins sur le territoire, avec un décloisonnement entre médecine de ville et établissements et une véritable coordination entre les deux branches, et à renforcer l’attractivité dans les zones sous dotées, en s’appuyant entre autres sur les structures d’exercice coordonné. Plus généralement, il estime indispensable une réflexion politique et citoyenne qui permettrait de dégager des priorités, de s’accorder sur les valeurs, les soins et les services que la société souhaite garantir à l’ensemble de la population.

Consulter l’avis du CCNE

La Rédaction d’Infirmiers.com

Cet article provient du site Infirmiers.com