Après les négociations finalisées, en avril, sur les reconversions professionnelles et la création d’un compte épargne-temps universel (cetu), l’U2P entend poursuivre la dynamique du dialogue social interprofessionnel. L’Union des entreprises de proximité (U2P) a pris, une nouvelle fois, l’initiative sans attendre la CPME et le Medef, pour proposer aux organisations patronales et syndicales de se rencontrer afin de dresser le bilan de l’agenda social autonome, voire de le faire évoluer. Le président de l’U2P, Michel Picon, a ainsi écrit, le 2 septembre, aux leaders syndicaux et patronaux pour les inviter à renouer le dialogue.
“La période n’a jamais eu autant besoin de dialogue social. Nous devons trouver des voies de compromis pour répondre aux préoccupations économiques et sociales”, a-t-il déclaré, hier, lors d’une conférence de presse. Avec l’objectif d’avoir une “réflexion partagée et dépolitisée”.
“Jamais les partenaires sociaux n’ont eu autant d’importance et nous devons être au rendez-vous car la classe politique est empêtrée dans d’autres circonvolutions”, a-il ajouté avant de connaître le nom du Premier ministre, annoncé quelques heures plus tard.
Les organisations syndicales ont accueilli favorablement cette invitation. Le camp patronal a, lui, été plus réticent, la CPME et le Medef préférant, selon Michel Picon, organiser, une rencontre en amont, avant de se réunir avec leurs homologues syndicaux. Mais Patrick Martin, le président du Medef, ne devrait pas s’y soustraire : il avait lui-même annoncé, lors de la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), à l’hippodrome Paris-Longchamp, les 26 et 27 août, son intention de relancer la négociation interprofessionnelle sur l’emploi des seniors.
Il faut dire que depuis la négociation sur le pacte de la vie au travail, les relations ne sont pas au beau fixe. L’U2P avait créé la surprise, en se détachant du Medef et de la CPME opposés à la création du compte épargne-temps universel (Cetu). Pour Jean-Christophe Repon, vice-président de l’Union des entreprises de proximité, en revanche, le Cetu favorise “l’attractivité des PME”, tout en facilitant la “gestion des fins de carrière”.
Pour cette rentrée, deux sujets de la plus haute importance sont à mettre au menu de l’agenda social, selon l’U2P. Primo, il s’agit de la négociation sur l’emploi des seniors qui avait échoué au printemps dernier. Les organisations syndicales n’avaient pas été convaincues par la version finale du projet d’accord transmis par le Medef, dénonçant l’absence de droits nouveaux pour les salariés et d’innovations sociales dans les politiques RH des entreprises. Or, pour l’U2P, la réforme des retraites, qu’elle défend bec et ongles, doit s’accompagner de nouvelles mesures pour le maintien dans l’emploi de seniors. “Nous sommes persuadés qu’il faut travailler davantage mais il faut que nos entreprises aient la capacité de garder les salariés jusqu’à 64 ans”, soutient Michel Picon, précisant que les plans de départs massifs de salariés âgés de 57 ne sont pas à l’œuvre dans les TPE/PME.
Parmi les axes de discussion, le vieillissement de la population active, la pénibilité, les fonds de péréquation en matière d’inaptitude ou encore les carrières longues.
Secundo, l’U2P, inquiet d’une possible recrudescence de mouvements sociaux face au pouvoir d’achat, souhaite discuter de l’allègement du coût du travail afin de “sortir du travail qui ne paie plus” (1), en référence au livre d’Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet de l’ex-ministre du Travail, Muriel Pénicaud et ex-responsable du pôle social du Medef.
Pour ce faire, le syndicat patronal compte s’appuyer sur les travaux des économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer qui ont remis, en avril dernier, leur rapport d’étape sur l’articulation entre salaires, coût du travail et prime d’activité. Car pour Michel Picon, le système doit être revu. “Nous sommes dans un système où la protection sociale – à laquelle nous sommes tous attachés – pèse trop sur le travail”. “Une augmentation coûte trop cher à l’employeur et rapporte trop peu à l’employé”, argue-t-il en indiquant “qu’il faut parfois dépenser 600 euros pour augmenter le revenu disponible de 200 euros”.
Pour l’heure, aucune date n’a encore été arrêtée entre les partenaires sociaux. Un nouveau dossier à suivre en perspective pour le ou la future locataire de la rue de Grenelle.
Cet article provient du site Editions Législatives - ActuEL RH