La dernière enquête du collectif Santé en danger révèle que, pour 98.2 % des professionnels de santé, la souffrance au travail a encore augmenté au cours des deux dernières années et près de 8 sur 10 ont été diagnostiqués en burn-out.
Vingt mois après une première enquête sur la souffrance au travail, le collectif Santé en danger a dévoilé ce 13 octobre 2022 les résultats de son nouveau sondage sur le sujet auprès d’un large professionnels de santé, dont une majorité d’infirmiers (50.6%). Et le constat est alarmant : 98.4 % affirment rencontrer des difficultés sources de souffrance au travail (contre 97.3 % en janvier 2021) et 77.9 % ont déjà été diagnostiqués en burn-out (dont 34 % avec un arrêt de travail de 0 à 3 mois, sachant qu’après un burn-out, 12.8 % ont complétement changé de voie professionnelle).
En deux ans, la situation n’a pas évolué. Les professionnels de santé sont même plus nombreux (+4.2 %) à envisager une reconversion professionnelle : 71.3 % à l’heure actuelle, contre 67.1 % en 2021.
98.4 % des professionnels de santé ressentent des émotions négatives au travail : 71.7 % ont eu envie de jeter l’éponge, ressentent de la colère et ou de l’agressivité ; 50 % éprouvent un stress difficilement surmontable, 45.3 % ressentent l’envie de pleurer et 8.8 % ont des idées suicidaires.
De ce fait, 24 % d’entre eux sont suivis par un professionnel de santé et 16.6 % suivent un traitement médicamenteux. Ils sont seulement 1.6 % à ne pas du tout s’être sentis en difficulté sur le lieu de leur travail.
Des causes multiples à l’origine de la souffrance
Pour 98.2 % des professionnels interrogés, les difficultés ont augmenté au cours des deux dernières années. Les causes sont diverses : le manque de reconnaissance (75,2 %), le manque de personnel (73.8 %), l’augmentation de la cadence de travail (56.6 %), l’accroissement des tâches administratives (52.8 %) ou encore un manque de sens (44.9 %).
Alors qu’en janvier 2021, 97.3% des professionnels de santé français témoignaient d’une augmentation de leur souffrance au travail, ils sont encore plus nombreux aujourd’hui : + 1.1 %. Pourtant, la crise Covid qui avait aggravé la situation pour 73.9 % d’entre eux est passée…
Des pistes pour y remédier
Il existe cependant des solutions à ces sources de souffrances. La considération (79.4 %), l’écoute (74.9 %) ou encore des responsables formés en fonction des spécificités du terrain (59 %) sont plébiscités par les répondants.
Après cette enquête, les causes de la souffrance des professionnels de santé sont clairement identifiées
, indique Arnaud Chiche, Président du Collectif Santé en danger. Afin, de stopper ce fléau, les questions liées au manque de reconnaissance, au manque de personnel, à l’augmentation des cadences de travail ou encore à l’accroissement des tâches administratives et aux méthodes d’encadrement devraient faire l’objet d’un effort particulier de la part du ministère de la Santé et de nos tutelles. Le collectif Santé en danger attend un engagement fort, focalisé sur une politique de santé qui axe ses efforts sur l’amélioration des conditions de travail, la prévention et non pas le suivi des personnes en souffrance, alors qu’il est déjà trop tard
.
L’enquête :
Le sondage a été réalisé du 28 août au 17 septembre 2022, via un questionnaire anonyme Google Forms. Il comporte 17 questions, pour la plupart à choix multiple. Il a été adressé aux professionnels de santé exclusivement.
2 582 personnes y ont répondu : 92.7% de femmes ; 7.3% d’hommes.
La majorité des répondants est infirmier (50.6%) ou aide-soignant (20.2%). 5.2% sont médecins, 4.1% sage-femmes. 66.8% des interrogés travaillent dans le secteur public, 21.7% dans le secteur privé.
24% d’entre eux ont entre 21 et 30 ans d’expérience professionnelle, 36.9% d’entre eux ont entre 11 et 20 ans, 19.7%, entre 4 et 10 ans.
42.7% de ces professionnels de santé travaillent au contact de patients adultes, 38.3% au contact de personnes âgées, 20.1% de personnes en situation d’handicap et 14.9% au contact des enfants.
Pour en savoir plus
Hélène Delmotte et Betty Mamane, Directrice de la rédaction
Cet article provient du site Infirmiers.com