C’est un sujet qui monte : à l’heure où la sobriété énergétique est devenue un enjeu crucial pour la planète, plusieurs entreprises cherchent à privilégier les mobilités bas-carbone. C’est le cas de HomeExchange, une plateforme d’échange de maisons (130 salariés, dont 80 à Paris, le reste aux Etats-Unis et en Croatie), qui a opté pour le temps de trajet responsable (TTR). Le concept ? Proposer des jours de congés supplémentaires aux salariés pour les encourager à utiliser des modes de transport plus vertueux pendant leurs vacances ou des week-end prolongés. Là où la facilité serait de prendre l’avion.
A l’origine de cette initiative, Elisa Papin, responsable RSE, qui a découvert à la lecture d’un article des Echos, le cas d’une des sociétés pionnières, Ubiq, un réseau de co-working, qui propose aux salariés des jours éco-responsables. L’idée l’a aussitôt séduite et elle a décidé de transférer l’expérience à HomeExchange. Voyager de manière responsable est, en effet, un nouveau mantra pour le secteur du tourisme. Or, pour l’heure, des progrès restent à faire : “Le tourisme représente 8 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et même 11 % en France. Et le transport y contribue à hauteur de 75 %”, détaille la spécialiste.
Le projet a également conquis la direction et les managers qui ont décidé, six mois après le lancement, d’opter pour deux jours, et non un seul comme prévu initialement. Ils peuvent se scinder en quatre demi-journées si les salariés présentent la preuve qu’ils ont fait le choix de voyager en train, en bus, en bateau ou en co-voiturage plutôt qu’en avion. A ce titre, le SIRH s’est enrichi d’une nouvelle fonctionnalité pour qu’ils puissent déposer leurs billets de transport, le temps de trajet devant être au minimum de six heures.
Mais attention : “ces journées ne sont pas 100 % considérées comme des congés”, prévient Elisa Papin. Elles s’apparent à des “journées semi-off”. “Il s’agit plutôt de donner plus de flexibilité aux collaborateurs dans l’organisation de leur temps de travail”. En pratique, avec ces TTR, les salariés travaillent en fonction de leurs possibilités sans être obligés d’être disponibles. Ils peuvent se déconnecter du réseau de l’entreprise pour travailler sur un dossier au calme, réfléchir à une présentation, lire une étude…, sans devoir être présents aux réunions ou être réactifs. Ou s’occuper de leurs enfants, sans culpabiliser. Même si juridiquement, ils sont considérés au travail, notamment en cas d’accident du travail.
22 collaborateurs ont, d’ores et déjà, testé le dispositif, lancé en janvier. Pour l’heure, l’impact reste donc limité. D’ailleurs, aucune évaluation n’a encore été faite tant sur le coût écologique qu’économique de la mesure. De son côté, Ubiq évalue ce dernier coût à 600 euros voire 700 euros par an, selon Les Echos.
Elisa Papin y voit pourtant deux avantages indéniables : l’attractivité et la fidélisation des salariés. “Ce dispositif correspond à la culture de notre entreprise et à nos valeurs. Il répond aux attentes des collaborateurs, quelle que soit la génération. On l’évoque également pendant les entretiens de recrutement”. Un plus qui peut faire la différence, à l’heure où le candidat doit choisir son futur employeur.
Une expérience à suivre.
Cet article provient du site Editions Législatives - ActuEL RH