“L’information du patient hospitalisé sur son droit au culte” a été le sujet de mémoire de Jérôme Pourrat, aumônier au CHU de St-Etienne, dans le cadre du Diplôme Universitaire de laïcité et droits des religions. Auteur d’une monographie sur le sujet, il répond aux questions d’Infirmiers.com
Le patient pratiquant est-il privé de son culte à l’hôpital ?
Il se prive souvent lui-même de l’accès à une pratique religieuse par manque d’information. Compte tenu des tensions qui entourent la laïcité – laquelle demeure souvent mal comprise et assimilée à une absence de religion alors qu’elle vise au contraire son encadrement et sa protection -, la personne hospitalisée pense qu’elle ne doit pas évoquer ses croyances au sein d’un bâtiment laïc.
Dans le recueil de données du patient, une question porte sur la pratique religieuse or elle n’est généralement pas posée car d’une part, les soignants la jugent trop intrusive et d’autre part, les soignants ne savent pas toujours gérer le fait religieux à l’hôpital. Nous devons donc veiller à la reformuler en évoquant l’aide apportée au sein de l’établissement pour permettre la pratique d’un culte. Ignorer ce sujet fondamental est un manquement à la loi.
En quoi la pratique d’un culte peut-elle influer sur le parcours de soin ?
La prise en charge d’un patient doit être globale et la sphère spirituelle, au sens large, est aussi importante pour la personne hospitalisée que les sphères sociale, physique et psychologique. Un patient qui ne peut pas accéder à sa pratique religieuse n’aura pas toutes les armes pour combattre l’épreuve de la maladie. A l’inverse, s’il sent que sa croyance est prise en considération, il sera beaucoup plus apte à accepter le parcours de soins proposé et à le rendre efficace. D’où l’importance de respecter les différentes pratiques en permettant par exemple à un patient musulman de s’agenouiller et de prier en direction de la Mecque ; en facilitant l’accès de la communion à un patient catholique ou encore en respectant les interdits alimentaires d’un patient juif. Dans le cas contraire, les risques de mise en danger sont réels de la part des personnes hospitalisées qui pourraient refuser un traitement, un régime sans consultation de leur autorité spirituelle.
Comment améliorer l’information sur le droit au culte ?
Le personnel soignant doit être formé sur la laïcité – pendant la formation initiale, puis au sein de l’établissement – afin d’être à-même de proposer des réponses comme l’orientation vers un service d’aumônerie par exemple. Ces formations internes peuvent être dispensées par un intervenant extérieur, le référent laïcité de l’établissement ou encore par un aumônier puisqu’il doit suivre un cursus juridique. Il s’agit bien sûr d’un enseignement laïc.
L’opposition des témoins de Jéhovah à la transfusion sanguine est connue mais de nombreuses autres questions se posent : Que faire si un patient pratiquant refuse une greffe ? Quelles précautions prendre en cas de décès ?… Les ouvrages qui apportent des réponses doivent être mis à la disposition des soignants qui doivent aussi pouvoir interroger le référent laïcité sur les spécificités de chaque religion. Ce qui permettra aussi de lever des tensions. Nous avons par exemple observé que nombre de musulmans arrêtaient leur traitement pendant le Ramadan. Or les Imams sont très clairs : en cas de maladie, les médicaments peuvent être pris. Au-delà d’une assistance spirituelle au sens large, les services d’aumônerie ont un rôle de médiation. Nous sommes au service du patient, de sa famille et du personnel hospitalier pour répondre aux questions et attentes de chacun.
Pour en savoir plus
Monographie : “Améliorer l’information du patient hospitalisé sur son droit au culte”
Hélène Delmotte
Cet article provient du site Infirmiers.com