“Survivre pour ne pas crever”
Devenue paraplégique suite à un accident opératoire, Nadalette de la Fonta livre un manifeste pour ne pas crever
qui rappelle la nécessité de vivre sans passer à côté de ce que nous sommes.
Nadalette de la Fonta était une femme hyperactive qui menait une carrière de responsable de la communication et du marketing dans de grands groupes internationaux. Prise dans un rythme de vie trépident, elle a eu tendance à négliger son corps sans écouter ses alertes émises pourtant depuis l’enfance du fait d’une scoliose non traitée. En 2014, ce corps maltraité se manifeste brutalement, la scoliose étant devenue monstrueuse
à un niveau de 73° qui impose une arthrodèse, opération chirurgicale lourde du rachis consistant à redresser la colonne vertébrale. Mais l’intervention se passe mal, la moelle épinière est touchée, et Nadalette devient paraplégique. L’hyperactive se retrouve pendant neuf mois à l’hôpital dans une pièce de 10 mètres carrée, épuisée, incapable de lire, d’écrire, enfermée, et limitée dans mon esprit
, raconte-t-elle en ajoutant que d’actrice de ma vie, je suis devenue spectatrice du néant
. Ne se sentant alors plus femme, plus mère, plus personne, plus rien
, Nadalette voit sa vie complètement explosée, terminée… Mais elle va devenir un exemple de résilience en parvenant à se réinventer par son handicap.
Dans ce livre-manifeste, l’auteure revient sur son parcours qui traduit d’abord une nécessité : survivre pour ne pas crever
. Cela impose des choix, et de ne pas se les laisser dicter. Il faut bien sûr faire avec les incontournables aléas de la vie, mais ce sont autant d’expériences qui nous rendent humains, notre existence s’avérant en fait une longue série d’ébauches
dans un voyage vers soi qui peut être plein de paradoxes, d’illusions ou de faux semblants. D’où l’importance de sortir de certains carcans et d’un chemin obligé trompeur. Partant de son cas personnel pour atteindre une forme d’universel, Nadalette de la Fonta rappelle que le handicap est à regarder en face, sans pour autant en faire une identité, chacun ayant la sienne propre. Evidemment, du temps peut être nécessaire pour réussir à accepter ce que nous n’avons pas choisi, et cela passe par parvenir à s’aimer soi-même, incontournable préalable pour arriver à aimer l’autre. Le chemin sera souvent sinueux, mais tout au long du livre sont semés des petits cailloux blancs susceptibles de l’éclairer, de nous guider et de nous responsabiliser, en soulignant qu’il nous revient d’être à la fois l’apprenti et le maître de notre vie… si l’on ne veut pas passer à côté de cette dernière.
Nos tempêtes sont à la hauteur de nos rêves, de Nadalette de la Fonta (éditions Guy Trédaniel)
Et aussi
Santé intégrative
Alors qu’une consultation chez le médecin dure généralement quinze minutes durant lesquelles le praticien aura laissé en moyenne 23 secondes au patient pour expliquer son cas avant de lui couper la parole, le cancérologue et radiothérapeute Alain Toledano prône une nouvelle conception du soin. Elle est fondée sur l’écoute, le dialogue, la présence, et vise à obtenir des décisions concertées avec un malade devenu partie prenante afin d’atteindre la pleine santé qui allie le physique, le spirituel et le métabolique
. En somme un équilibre incluant tout ce qui nous constitue, possible à atteindre par la pratique d’une santé intégrative qu’Alain Toledano propose depuis 2018 à l’Institut Raphaël. Des patients traités pour des maladies chroniques y suivent un parcours de soin personnalisé intégrant notamment l’activité physique, le bien-être ou la nutrition. Avec ce livre, le docteur Toledano partage une expérience réussie en montrant pourquoi cette nouvelle approche du soin fonctionne et serait même la seule capable de sauver notre système de santé aujourd’hui menacé
.
L’art de soigner, d’Alain Toledano (Editions HumenSciences)
Neurosciences
Psychiatres et chercheurs en neurosciences, Lucie Joly et Hugo Bottemanne nous entrainent dans une exploration de ce qui leur apparaît comme le grand oublié de la grossesse : le cerveau maternel. Un organe qui joue pourtant un rôle crucial durant cette période où il va changer de forme et d’activité en influençant grandement le déroulement de la gestation. En s’appuyant sur les dernières avancées des neurosciences périnatales, les auteurs nous font découvrir un cerveau à la fois maternel, perceptif, amoureux, trompeur, déprimé et angoissé. Autant de caractéristiques qui nous amène à mieux appréhender les hauts et les bas de la maternité, mais aussi ses mystères que sont le déni de grossesse, le syndrome du bébé fantôme ou la dépression du postpartum. Des troubles dont on comprend aujourd’hui mieux l’origine dans un bouleversement du fonctionnement cérébral qui explique aussi comment se tisse l’amour entre une mère et son bébé.
Dans le cerveau des mamans, de Lucie Joly et Hugo Bottemanne (Editions du Rocher)
Empathie
Alors que le Covid nous a fait entrer dans un monde sans contact où la distanciation a été promue comme premier geste barrière, le docteur Lefebvre des Noëttes délivre une ode à la caresse. Psychiatre évoluant dans un des plus grands services de gériatrie français, elle estime que la caresse mérite qu’on s’y attarde un peu, qu’on la prodigue, qu’on la ressente, qu’on la réhabilite dans les soins où l’on n’apprend plus à caresser
. Selon cette praticienne, ce geste simple, gratuit, beau, ancestral, suffit pour apaiser les tensions et les angoisses
en faisant naître en nous la douceur et l’amour
. Elle invite donc à remettre au cœur du soin ce sens du toucher qui apporte de l’humain à la médecine par son nuancier tactile et émotionnelle sans limite
, comme en atteste une longue expérience avec des malades d’Alzheimer chez qui la psychiatre a pu constater l’intérêt réel de ce contact bienveillant pouvant aussi devenir un mode de communication. Bref, osons la caresse dans les soins aux plus vulnérables, au moments les plus délicats, les plus intimes
, recommande Véronique Lefebvre des Noëttes dans ce plaidoyer sensible pour un geste manifestant une politesse et une poésie du cœur
.
La force de la caresse, de Véronique Lefebvre des Noëttes (Edition du Rocher)
Brice Perrier
Cet article provient du site Infirmiers.com