Les salariés aidants, le grand défi de demain des RH et partenaires sociaux ?


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La 15e journée nationale des aidants s’est tenue hier. A cette occasion, la 4e édition de l’étude de l’Observatoire Ocirp (Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance), en partenariat avec Viavoice sur les salariés aidants a été présentée jeudi. Labellisation “salariés aidants” pour les entreprises vertueuses, inscription du soutien aux aidants dans les critères de la RSE, appel à la création d’une plateforme d’information et d’orientation personnalisée sur les droits et services disponibles, plusieurs pistes ont été évoquées pour mieux prendre en compte ces salariés. Il n’empêche que pour l’heure un déni global persiste sur le sujet, venant parfois des concernés eux-mêmes.

“Aujourd’hui la situation de notre système de protection sociale et le vieillissement de la population font que de plus en plus de citoyens vont se retrouver en situation d’aidance. Il faut impérativement que leur cas soit véritablement abordé par les entreprises, les partenaires sociaux et la négociation pour éviter leur désinsertion professionnelle”, a alerté Marie-Anne Montchamp, directrice générale de l’Ocirp.

L’aidance impacte grandement et durablement la vie professionnelle

Même si les relations avec l’aidé sont très souvent bonnes (94 %), 56 % des aidants déclarent que leur situation joue sur leur charge mentale et 47 % sur leur santé et leur moral. Côté travail, 30 % des salariés se sentent mis en difficulté professionnelle du fait de l’aidance, que ce soit en termes d’organisation, d’efficacité ou de qualité du travail. C’est encore plus notable pour les jeunes aidants (+ 10 points), qui craignent en plus davantage de perdre leur emploi (30 % dans le privé). Les conséquences sur l’entreprises sont donc immenses, d’autant plus que l’aidance dure en moyenne neuf ans et que l’âge moyen d’entrée dans l’aidance ne cesse de s’abaisser pour s’établir à 33 ans. “Cela veut dire qu’un salarié sera probablement aidant plusieurs fois dans sa vie et qu’il faut que les entreprises s’adaptent pour pouvoir fonctionner car 30 ans de carrière dans ces conditions, ce n’est pas possible”, résume Lydie Recordet, chargée de mission à l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises 
(Orse). “Ces données montrent ô combien les entreprises sont vulnérables face à l’aidance”, insiste de son côté Thomas Bouquet, directeur général du Comité national de coordination action handicap (CCAH).

Un accompagnement jusqu’à présent peu optimal des salariés aidants

44 % des salariés aidants estiment qu’ils sont mal accompagnés par leur employeur. D’ailleurs, ils sont toujours très peu à l’informer de leur situation (29 %), notamment car ils craignent qu’elle soit un frein dans leur carrière, ce qui est confirmé par les DRH et managers (65 % et 53 %). Pourtant, certaines améliorations sont plébiscitées par tous les acteurs : les managers (85 %) et DRH (71 %) se disent prêts à être formés, ils sont favorables à un compte épargne congés aidants (85 et 77 %), trouvent que la prévoyance pour soutenir les aidants serait une bonne idée (75 et 70 %) et pas moins de 91 % des partenaires sociaux voient la négociation collective sur les salariés aidants comme une solution efficace. Malgré cela, peu d’accords ont été signés (20 % des branches) et le coût des dispositifs de soutien restent bloquants pour 40 % des DRH. Une situation paradoxale puisque 79 % pensent aussi qu’il coûte moins cher d’agir que de ne rien faire.

Des “coûts cachés colossaux” pour les entreprises, qui ne peuvent qu’augmenter

La question des salariés aidants a en effet de fortes répercussions sur la bonne marche des entreprises. L’économiste Nathalie Chusseau estime ainsi que les coûts cachés de l’aidance représentent entre 24 et 31 milliards d’euros par an, du fait de l’absentéisme des concernés mais aussi de leur “présentéisme” : ils sont au travail mais en mauvaise santé, ce qui engendre des retards, des erreurs et diminue leur efficacité. Et ces phénomènes devraient encore croitre. En 2030 au moins 25 % des salariés devraient être aidants, une “génération pivot” pourrait se retrouver à aider à la fois un parent, un grand-parent, voire un enfant, et les coûts pour les entreprises augmenteraient encore de 22 % pour se situer entre 29 et 38 milliards d’euros par an. Elle insiste donc sur le fait qu’”elles ne peuvent pas échapper à cette tendance” et qu’elles feraient mieux de valoriser les soft skills des aidants (adaptabilité, gestion du temps, etc.). Mais sont-elles prêtes à revoir leurs standards économiques et prendre ce défi comme un vrai enjeu de transformation ? Thomas Bouquet n’en semble pas tout à fait convaincu malgré le mur qui se présente devant elles.

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Elise Drutinus
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Ils sont environ cinq millions, ils ont en moyenne 42 ans, et ils consacrent 8,6 heures par semaine à l’aide d’un proche en perte d’autonomie : ce sont les salariés aidants. La dernière étude Ocirp/Viavoice qui donne ces chiffres pointe pourtant un « tabou des entreprises » à leur égard, qui « peinent à trouver des solutions ».
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Cet article provient du site Editions Législatives - ActuEL RH